Il y a quelque chose d’insaisissable dans les figures de Macbeth et de Lady Macbeth. Cette vieille tragédie du Mal et de la Conscience met surtout en jeu la puissance imaginaire et ses conséquences, la volonté de précipiter les événements, concurrencer l’éternité et se mettre à l’abri de sa propre mort. Se met alors en place le mécanisme du pouvoir et de la volonté, une logique implacable qui éclaire ces figures entre le jour et la nuit avant qu’elles n’entament la longue trajectoire qui mène vers leur mort dans une décrépitude mentale grandissante … Macbeth peut-être lu comme "La fabrique du double" : fabriquer des doubles, les fantômes, se fabriquer en double, s’écarter de soi-même en se mettant à l’abri de sa mort… Changer la représentation mentale du réel, des seuils, s’arracher à sa condition humaine pour précipiter l’événement… La motivation reste quelque peu obscure, la soif du pouvoir ne suffit pas pour éclairer "la chose", des forces primitives travaillent cette histoire qui se situe au seuil des temps anciens et des temps modernes dans lequel l’homme se cherche encore comme démiurge maîtrisant le temps en concurrence avec l’éternité. Ainsi, le drame qui se joue est le drame du temps humain face à l’éternité, entre finitude et éternité …