Pauvre de moi, la chienne et son nouveau mec sont les personnages de cette pièce qui rejoue, sur un mode « méta-théâtral », les péripéties du triangle amoureux : les couples vont se faire et se défaire au gré de trois actes précédés d’une « Préhistoire », qui sort d’emblée la fable de son cadre dramatique et nous invite, déjà, à la déconstruction. La quête de l’histoire, au sens scénique et existentiel, constitue en effet le leitmotiv de Michał Walczak. Quête rendue déconcertante par la démarche linguistique de l’auteur, qui enchaîne les registres et joue sur l’artifice comme sur la vacuité du discours. Dépourvus de nom et de rôle, dépouillés et impuissants, les personnages s’inscrivent dans la rupture et prennent conscience que l’histoire leur échappe. Le subterfuge du vaudeville sentimental permet surtout à Michał Walczak de se livrer à une analyse des mécanismes amoureux qui reproduisent les rapports de domination. Son écriture incisive et engagée, qui remet en question les mythes nationaux, avec une omniprésence du grotesque, lui donne son aspect étrange et sa facture originale.
Préface de Piotr Gruszczyński