En mai 2011, Mia Couto a été invité aux Conférences d’Estoril (Lisbonne), dont le but est de susciter des débats internationaux sur les défis de la globalisation. Seul homme de lettres invité, Mia Couto intervient en lisant un texte sur l’instrumentalisation de la peur. Cette conférence est contemporaine de l’intervention d’une force armée internationale en Lybie. C’est ce texte fort, lucide et plus que jamais d’actualité que nous donnons ici en version bilingue. « La peur a été en définitive le maître qui m’a fait le plus désapprendre. Lorsque j’ai quitté ma maison natale, une main invisible m’ôtait le courage de vivre et l’audace d’être moi-même. À l’horizon, il y avait davantage de murs que de routes. À cette époque, j’entrevoyais déjà une autre vérité : il existe en ce monde plus de peur des mauvaises choses que de mauvaises choses à proprement parler. ... Et si ça se trouve, il y en a qui ont peur que la peur prenne fin.